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| موضوع: A.C/Cours1 الإثنين ديسمبر 27, 2010 2:45 am | |
| DES AIRES CULTURELLES AUX RÉSEAUX CULTURELS
Paul Claval Université de Paris-Sorbonne conférence sur "l'approche culturelle en géographie"
Les géographes ont été depuis longtemps frappés par l'homogénéité des comportements, des genres de vie, des paysages et des valeurs au sein d'espaces souvent très vastes et où les conditions naturelles varient. A une époque où l'on invoquait souvent l'influence du milieu pour rendre compte des distributions humaines, ces ensembles échappaient au modèle interprétatif dominant. Pour les expliquer, il fallait admettre que, dans les distributions observées, les facteurs humains l'emportaient dans bien des cas sur les données physiques, mais qu'ils ne jouaient pas le même rôle partout. C'est ainsi que naquit la perspective culturelle, et que débutèrent les réflexions sur les aires culturelles. Elles ont partout joué un rôle non négligeable dans le développement de la réflexion géographique, en France en particulier, où elles n'étaient pas étrangères à Vidal de la Blache, et s'étaient affirmées avec Jean Brunhes et Pierres Deffontaines, mais il n'y a qu'aux Etats-Unis qu'elles avaient été codifiées et étaient devenues une branche majeure de la discipline grâce à Carl O. Sauer et à l'école de Berkeley qu'il avait créée et animée.
Cette première approche culturelle insistait volontiers sur la diversité des techniques et des savoir-faire imaginés par les hommes pour mettre en valeur les environnements dans lesquels ils s'étaient installés, pour y aménager leurs habitations et pour y créer tous les outillages et tous les équipements indispensables à la vie. A partir du milieu du XXe siècle, la diffusion des innovations s'est accélérée et les techniques, bâties sur une base plus scientifique, ont cessé d'être spécifiques à tel ou tel environnement naturel ou à telle ou telle aire culturelle. L'uniformisation de la vie matérielle s'est accélérée. Cela a conduit, dans un premier temps, au recul des recherches portant sur la diversité des cultures, puisque celle-ci paraissait proche de disparaître. Depuis le début des années 1980, c'est à un mouvement inverse que l'on observe : l'approche culturelle n'a jamais attiré autant de chercheurs. Dans la mesure où l'homme domine plus complètement la nature qu'il ne l'avait jamais fait jusqu'alors, c'est évidement vers les facteurs humains qu'il faut se tourner pour comprendre les formes actuelles de différenciation du monde.
La géographie des distributions culturelles est en train de se modifier. L'uniformisation des techniques ne conduit pas à l'homogénéisation de tous les aspects de la vie humaine et à la banalisation des paysages, mais au lieu de s'ordonner par grandes zones, les contrastes se structurent autour de réseaux : on est en train de passer d'une géographie des aires culturelles à une géographie des réseaux culturels. L'évolution n'est pas close, mais elle est suffisamment avancée pour que le tableau ait déjà significativement changé. *La distribution des aires culturelles L'apport de Fernand Braudel
Dans les années 1960, l'exploitation des recherches menées depuis le début du XXe siècle dans le domaine de la géographie culturelle conduit à souligner le rôle et la vigueur de grandes aires relativement homogènes. Pour Fernand Braudel, il s'agit d'un des résultats essentiels de la géohistoire qu'il est en train de bâtir. Il s'intéresse aux évolutions de longue durée. Les historiens avaient l'habitude de s'attacher aux évènements, aux crises, aux révolutions, aux guerres, à tout ce qui peut entraîner des inflexions rapides de la vie des groupes. Ils négligeaient les cadres économiques, les environnements matériels, les manières de vivre et d'agir des pays auxquels ils s'intéressaient. Ce ne sont pourtant pas des éléments stables, mais les transformations qui les affectent ne s'inscrivent pas dans des temporalités analogues à celles de l'histoire évènementielle. Dans la réflexion sur la longue durée qu'il menait depuis la fin des années 1930, Fernand Braudel ne pouvait donc manquer de s'intéresser aux aires culturelles. La place qu'il leur accorde est si considérable qu'il propose de consacrer à leur présentation et à leur explication une bonne moitié du programme d'histoire des classes terminales que le Ministère de l'Education Nationale lui avait demandé d'élaborer au début des années 1960. Le sujet était si neuf qu'il se sentit obligé de rédiger lui-même un texte sur la question. Il constitue la première partie d'un manuel rédigé en collaboration avec S. Baille et R. Philippe et qui paraît chez Belin en 1963 : Le Monde acutel, histoire et civilisation. Le texte a depuis lors fait l'objet d'une réédition indépendante, chez Champs-Flammarion, sous le titre : Grammaire des civilisations. Le thème des aires culturelles ne cesse d'intéresser Fernand Braudel. On le retrouve dans sa dernière publication, L'Identité de la France. Il y traque ce qui a fait de la France le pays que nous connaissons : les volumes publiés évoquent le poids de l'environnement (le rôle de la "géographie") et celui des héritages historiques. La mort surprend Braudel au moment où il abordait le dernier volume, celui dont l'éclairage devait être le plus ethnologique, celui où il aurait vraiment percé à jour la genèse des ensembles culturels. La réflexion de Braudel sur les aires culturelles est donc restée inachevée, mais ce qu'il nous offre est déjà très substantiel. La première partie de Grammaire des civilisations dessine des pistes très claire. Au point de départ, Braudel tire parti de Lucien Febvre et de son travail sur le mot civilisation, mais il prend acte de l'introduction, dans les sciences sociales françaises, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, du terme de culture : c'est donc sur l'ensemble des deux termes de culture et de civilisation qu'il se penche. Deux idées lui semblent alors s'imposer : 1- Une civilisation est une réalité globale, c'est-à-dire à la fois un espace, une société, une économie et un ensemble de mentalités collectives (ce à quoi on ramène trop souvent l'idée de culture). 2- Les civilisations sont des continuités et leur histoire s'inscrit dans la longue durée.
Le reste de l'ouvrage est consacré à un tableau des grandes aires de civilisation. Il est bâti sur l'opposition entre les civilisations non-européennes (Islam, continent noir, Extrême-Orient) et civilisations européennes (en Europe et en Amérique). Ces ensembles ne sont pas de même nature : l'Islam constitue un espace conscient d'une unité qui naît d'une foi partagée; le pélerinage à la Mecque y fait naître des contacts espacés, mais significatifs. Le continent noir est fait d'une multitude d'ethnies qui n'ont pas le sentiment de partager grand'chose, et dont chacune se sent étrangère aux autres. C'est pour les observateurs extérieurs qu'il apparaît comme une aire de civilisation, pour les marchands d'esclaves qui l'ont ravagé et en partie dépeuplé depuis le développement de la traite avec le monde islamique puis avec l'Amérique, et pour les Européens qui ont colonisé cet espace et l'étudient aujourd'hui. Dans le cas de la Chine, l'unité vient de techniques maîtrisées en commun, mais qui sont tout autant des techniques sociales ou des techniques de communication que des techniques matérielles. L'écriture chinoise utilise des signes qui représentent des contenus et ne cherchent pas à transcrire une prononciation; elle peut donc être lue par des populations qui ne parlent pas la même dialectee; elle permet d'unifier une mosaïque de groupes sans qu'il soit nécessaire d'imposer partout la même langue; la construction d'un Empire s'en est trouvée facilitée.
Selon les cas, le ciment des représentations collectives qu'évoque Braudel est fourni par la religion (dans le cas de l'Islam), par des conceptions voisines des constructions sociales élémentaires (dans le cas du continent noir) ou par un système de communication et une construction politique unifiés (cas de la Chine). On mesure à celà combien l'interprétation de Braudel est séduisante, mais combien il faudrait la creuser pour lui donner une formulation tout à fait rigoureuse. Le tableau se complique par la suite, d'ailleurs, lorsque Braudel reprend à l'historien allemand Wilhelm Rœpke l'idée des économies-mondes, qui le conduit nécessairement à dissocier ce qu'il pensait jusqu'alors unis, à savoir l'espace, la société, les mentalités collectives d'une part, et l'économie de l'autre | |
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djamele7892 إدارة المنتدى
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| موضوع: رد: A.C/Cours1 السبت فبراير 26, 2011 3:21 am | |
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